Les sirènes de Bretagne

Mai 26, 2021 | Spiritualité

Les sirènes de Bretagne

Mai 26, 2021 | Spiritualité

Cette semaine, pour cet épisode 34, j’ai eu envie de te faire partager ma fascination pour les sirènes.
Et pour rendre hommage à la Bretagne, ma terre d’adoption, je vais te parler dans cet épisode des sirènes des légendes bretonnes ! Tu peux aussi retrouver le format podcast Les sirènes de Bretagne !

Les sirènes existent dans nombre de culture, tant la fascination des hommes pour la mer est grande. On les retrouve chez les grecs et les romains, ainsi que dans la mythologie nordique.
Parfois mi femme mi oiseau, elles sont la plupart du temps mi femme mi poisson.
Elles ont pour point commun d’enchanter les marins avec leurs chants et leur grande beauté.

En Bretagne, elles sont appelées Marie Morgane (ou Morgans), ce qui signifie Mor = Mer et Ganet = Né.
Elles sont donc nées de la mer et vivent en général près des côtes et non en pleine mer.
On peut parfois les apercevoir jouer et se promener sur les plages si l’on est suffisamment attentif.
Certaines régions de Bretagne sont très fortement imprégnées des légendes de sirènes, et je vais vous en présenter deux !

Les Marie Morgane de Ouessant

L’ile d’Ouessant est située à une vingtaine de kilomètres de la côte du Finistère. On racontait encore cette légende au 19ème siècle.
Deux jeunes filles de l’ile se promenaient un jour sur la plage pour y trouver des coquillages.
Elles aperçurent au loin une Morgane qui faisait sécher ses trésors sur deux grandes nappes blanches. Elles réussirent à l’approcher sans que la sirène ne les voient.
La sirène, surprise de voir ces deux jeunes filles, sages et douces, décida de leur donner à chacune un trésor dans une nappe. Elle leur dit de n’ouvrir la nappe qu’une fois rentrées chez elles.

L’une des deux, bien trop curieuse de voir ce cadeau, ne réussit pas à attendre et ouvrir sa nappe, dans laquelle elle ne découvrit que du crottin de cheval.
La seconde, attendit gentiment d’être rentrée dans son foyer et ouvrit la nappe en compagnie de ses parents.
Ils découvrirent ensemble un véritable trésor, de pierres précieuses, d’or et de tissus précieux.
Leur fortune était faite, ils firent construire une splendide maison et leurs descendants peuplent encore Ouessant à ce jour !

L’engloutissement d’Ys

Cette légende, terrible, nous raconte l’engloutissement de la ville légendaire d’Ys.
Elle reprend le thème originelle de la femme celtique, libre et sauvage, mais a été largement remaniée lors de la christianisation de la Bretagne.
Et, on s’en doute, qui dit christianisation de la légende dit diabolisation de la femme et punition divine.

Dahut, personnage féminin principal, était très certainement au départ de la légende, une fée gardienne, ou une déesse mère protectrice.
Dans la version remaniée par l’Église,elle est la fille unique de Gradlon, roi de Cornouailles. Elle fait construire la ville d’Ys, où les plaisirs (comprendre du coup « péchés ») règnent en maitre.

Diabolisée sans pitié, elle est une femme de très petite vertu, qui passe chaque nuit avec un amant différent et les assassine le matin venu.
Une nuit, c’est le Diable qui se glisse dans son lit. Il la persuade d’ouvrir les vannes qui protège la ville de la mer.
Des torrents d’eau se déversent dans les rues d’Ys et engloutissent la ville.
Un homme d’Église, Guénolé, souhaite sauver la ville maudite. Il va pour dire une messe pour son salut mais Dahut, devenue sirène, apparait pendant la messe. Le saint homme tremble devant cette apparition diabolique.
Le calice, qu’il tenait dans ses mains, tombe et se brise. La messe n’est donc pas consommée et la ville d’Ys est condamnée à jamais.

Néanmoins, la tradition bretonne refuse d’abandonner Dahut. Elle devient une Morgan et accède à la vie éternelle
Elle redevient, comme à son origine, femme de l’Autre Monde, et continue sa lutte contre le pouvoir chrétien, tout en protégeant sa cité, désormais sous les eaux.

Pour conclure

Comme on avait vu lors de l’épisode sur les magiciennes des légendes arthuriennes, on voit toujours que le pouvoir féminin était valorisé à l’époque celtique, entre les Déesses, les fées protectrices, qui font leur vie, leurs erreurs, sans pour autant être parfaites ou diaboliques.

L’arrivée de la chrétienté bouleverse les codes et assoit le patriarcat en se prenant à des figures féminines légendaires et puissantes, en entachant les légendes des provinces dans lesquelles l’Église s’installe.

N’hésitant pas à les salir, les diaboliser à l’extrême, ces reines, sirènes, fées et sorcières, payent de leur réputation leur puissance, se voyant réduire à des femmes diaboliques, qui ne détiennent leur pouvoir que des vilénies qu’elles infligent aux hommes.
Dahut, de Déesse ou fée, devient une femme légère ne vivant que pour les plaisirs charnels.
Totalement consumée par son appétit, elle en vient à laisser sa ville et ses habitants mourir pour amuser le Diable.
Heureusement, les Bretons ne l’ont pas oubliés et lui ont offert une immortalité presque glorieuse, lui rendant Ys sa cité désormais engloutie.

Quant à la légende de la Morgan d’Ouessant, elle est la représentation parfaite du regard plus bienveillant que portaient les hommes avant la christianisation sur le pouvoir féminin. J’espère que cet article sur les sirènes de Bretagne t’aura plu !

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