Je te propose cette semaine un épisode dédié aux sorcières des légendes. Les contes et légendes de sorcières sont monnaie courante dans la littérature, et sous une forme ou une autre, on les retrouves dans toutes les cultures. De la beauté fatale, à la vieille femme décrépie, la sorcière des mythes a de multiples visages, que je te propose de découvrir, ou de redécouvrir !
Pour retrouver cet épisode dans sa version podcast, c’est ici que ça se passe : Les sorcières des légendes.
Circé
Circé est une magicienne, qui bien plus tard recevra le qualificatif de sorcière. Elle est la fille du soleil Hélios et de Perseis.
Bannie par sa famille, elle vit sur l’île d’Eéa, île de légende sur laquelle on doute encore de sa localisation exacte.
Circé est experte en poisons et drogues, qui lui permettent à l’aide d’incantations magiques, de transformer les hommes en animaux.
Son palais est d’ailleurs gardé par des lions et des loups, qui étaient des hommes autrefois.
Elle compte comme faits d’arme d’avoir empoisonné son mari, le roi des Sarmates, avoir transformé la nymphe Scylla en monstre marin, et d’avoir mené la vie dure à l’équipage d’Ulysse, qu’elle a transformé en porc, avant de se laisser attendrir par Ulysse et les changer en hommes à nouveau.
De sa liaison avec Ulysse naitront beaucoup d’enfants. Lorsqu’il reprendra la route, elle l’aidera en le prévenant des dangers qui l’attendent. Alors, pourquoi à t-elle hérité du qualificatif de sorcière ? Séduisante, émancipée de sa famille, vivant seule sur son île et ne se laissant pas faire, elle a tout de la femme fatale. Elle est diamétralement opposée à la femme vertueuse. Elle ne rassure pas, c’est un danger pour l’homme. S’ils essaient de la prendre pour une poire ou lui faire du mal, elle n’hésitera pas à leur faire perdre leur humanité… En les transformant en animaux ! Elle est présentée comme la rivale de Pénélope, la douce et fidèle épouse d’Ulysse, qui l’attend patiemment à la maison. Circé garde une connotation négative, alors même qu’elle aide le héros dans son périple.
Morgane
On en a déjà parlé dans deux articles que tu peux retrouver ici ( Légendes de Brocéliande et ici : Les sorcières des légendes arthuriennes ). Mais voici un petit rappel pour les absent.e.s ! Morgane est une magicienne des légendes arthuriennes, qui, comme Circé a tout de la femme fatale. Demi sœur du roi Arthur, elle est réputée pour avoir des meurs légères. Elle a apprit la magie avec Merlin et ne se laisse pas berner par qui que ce soit. Et pour ceux qui ne prennent par garde, sa revanche sera terrible. La légende du Val sans retour en est un parfait exemple. Elle a réussit a garder captifs 253 chevaliers infidèles après avoir été abandonné par un chevalier dont elle était amoureuse.
Baba Yaga
La baba yaga est une figure de sorcière dominante de la mythologie slave.
Contrairement à Circé et Morgane, la baba yaga est une vieille femme, très peu séduisante.
Elle réside dans une cabane, qui repose sur des pattes de poulet, au fin fond d’une forêt profonde. Décrite la plupart du temps comme unijambiste et n’a pas de mari, bien qu’elle puisse, selon les versions, avoir de nombreux enfants.
Elle a, elle aussi un rôle ambigüe. Tour à tour ogresse, dévoreuse d’enfants, ou kidnappeuse. Elle est aussi gardienne aussi du royaume des morts, dont sa maisonnette serait le poste frontière. Baba yaga est aussi, malgré son grand âge, une féroce combattante que rien ne peut arrêter.
Malgré tous ses attributs négatifs, elle peut aussi parfois se transformer en donatrice, ou en conseillère pour le brave héros ou l’héroïne, qui est dans le besoin.
La banshee
La banshee est issue du folklore celtique irlandais. C’est une femme, en général dotée de pouvoirs magiques ou du rôle de messagère de l’Autre monde. Elle a toujours les cheveux longs et détachés, contrairement à la coutume irlandaise qui couvrait la tête des femmes honorables. Elle se promène, nus pieds, vêtue d’une robe et elle a toujours la peau très pâle, presque fantomatique.
La tradition veux que chaque grande famille irlandaise « possède » sa propre banshee. C’est un privilège, accordé aux familles très anciennes et de souche irlandaise. Fidèle à son statut de messagère de l’Autre monde, la banshee protectrice d’une famille a pour rôle d’annoncer la mort prochaine de l’un des membres de la famille.
Elle est également connue pour son rôle de pleureuse lors des cérémonies funèbres, ce qui a été repris par la suite par de vraies femmes, parfois rémunérées, pour être ensuite interdit par l’Église Catholique.
La Dame blanche, personnage plus récent, est grandement inspirée du mythe de la banshee.
La Theuggia
La theuggia est une fée. Déchue par les Dieux et la Reine des fées, en raison des actes ignobles qu’elle a commis. Si son apparence est double, sa personnalité est entièrement mauvaise. La Theuggia se reconnait à son physique. Elle est comme scindée en deux, vieille et horrible d’un côté, jeune et sensuelle de l’autre.
Elle a été dépouillée de tous ses pouvoirs . Néanmoins elle garde une grande force physique, ce qui la rend redoutable. C’est un être assoiffé de vengeance, rongé par le mal et la haine.
La sorcière cannibale d’Hansel et Gretel
La sorcière anthropophage d’Hansel et Gretel se rapproche de la Baba Yaga. C’est une vieille femme, qui vit dans une chaumière de pain d’épice au fond des bois. Il est intéressant de noter que dans ce conte, comme bien souvent, c’est la belle mère qui pose problème. C’est elle qui pousse son époux à abandonner ses enfants dans la forêt, car la nourriture vient à manquer. Les enfants finissent par se faire kidnapper par la sorcière. Elle engraisse le petit garçon et fait de la petite sa domestique. Par la ruse, les deux enfants viennent à bout de la sorcière. Ils s’échappent, les mains pleine des trésors de la sorcière. Lorsqu’ils rentrent chez eux, leur belle mère est morte et leur père est content de les retrouver.
Médée
Médée est issue de la tragédie grecque et sa vie n’est pas de tout repos. Elle a, par amour, commit un certain nombre d’atrocités. Après avoir rencontré Jason et en être tombée follement amoureuse, elle l’aide à s’emparer de la toison d’or grâce à ses pouvoirs. Malheureusement, ils sont contrait de fuir et Médée emmène son frère en otage. Premier de ses crimes, elle dépèce son frère en petits morceaux, pour ralentir l’avancée de l’armée de son père qui s’est lancée à leurs trousses.
De retour chez lui, Jason fait face à une trahison. Il demande encore une fois de l’aide à Médée, désormais son épouse. Elle accepte et encore une fois, utilise ses pouvoirs magiques pour faire le mal. Profitant de la crédulité des 4 filles de l’homme qui a trahi Jason, elle les poussent à égorger leur propre père… Et à le jeter dans une marmite. Elle leur avait promit que cela le ferait rajeunir, démonstration à l’appui. Spoiler alert, le vieux Pélias termine en ragout. En même temps, il a massacré la famille de Jason donc bon.
Bien évidement, Médée et Jason fuient de nouveau, et s’installent à Corinthe. Ils ont ensemble deux enfants mais Jason tombe amoureux de la fille du roi et répudie Médée. C’est la goute d’eau qui fait déborder le vase et Médée pète les plombs. La magicienne fiche le feu au palais du roi, tue sa rivale à l’aide d’une tunique magique, poignarde ses propres enfants et se sauve.
Médée finira par épouser le roi d’Athènes, avec qui elle aura un fils. Elle finira par le trahir, en s’enfuyant avec le trésor royal.
Les premières versions du mythe n’étaient pas aussi cruelles avec Médée, l’innocentant du meurtre de ses enfants, mais elle connaitra la postérité par la plus noire de ses actions, en donnant son nom au complexe de Médée. C’est en psychanalyse le fait que pour faire souffrir son mari, l’épouse s’en prendrait à ses enfants.
Pour conclure
Les sorcières des légendes sont toujours des femmes libres, et comme Morgane ou Circé ont toutes les qualités qu’un héros masculin pourrait avoir. De tout temps et dans beaucoup de culture, il n’était pas bien vu d’être libre, de vouloir défendre ses intérêts, ou de ne pas vouloir d’enfants par exemple. L’âge et le changement physique chez les femmes n’ont jamais été bien vu par la société, mais paradoxalement, la beauté et l’indépendance non plus.
Les sorcières de mythes et de légendes ont bien souvent été noircies avec le temps dans des nouveaux récits, se voyant rajouter des crimes inexcusables, comme manger des enfants ou assassiner les leurs. Comme s’il fallait absolument qu’elles soient abominables pour que les femmes « biens » n’aient pas envie de suivre elles aussi leur route sur le chemin de la liberté.
Vis pour toi !